Le blues de l'Auxiliaire de Vie

Chaque jour, revêtu de ma blouse blanche, je dois traverser les enfers
Marcher entre ces rangées de damnés
Qui tendent les bras sur mon passage en suppliant
Mais en piètre Jésus que je suis, je ne puis les prendre par la main et les emmener au ciel avec moi.

Je ne suis qu'un petit Dante de seconde zone, sans Virgile pour me guider dans tous ces cercles de suppliciés.

Et me dire ce qu'ont fait ces malheureux pour mériter tels châtiments.

Ô Satan, ne m'inflige jamais cette longue misère

Ô Roi du Ciel, fais moi quitter ce monde avant je ne devienne comme l'une de ces tristes épaves avachies et amaigries, gémissant dans la puanteur de leurs excréments.

Épargnez moi ce terrible destin, épargnez moi ce lac de feu où sombre la vieillesse, et emmenez loin de cette misère, emmenez moi au Jardin d'Éden, à Tir Nan Oog où à Shangri-La, comme vous voulez, du moment qu'il n'y a ni temps ni souffrance.