
Une famine durait depuis deux ans sur Israël et le peuple grondait. Certains vinrent trouver David pour lui exprimer leur colère, et celui-ci répondit :
« Est ce ma faute si la pluie ne veut pas tomber et si le soleil brûle vos récoltes ? Est-ce ma faute si les génisses mettent bas des veaux morts-nés et si leur lait tourne en eau ? Rentrez chez vous, je vais m'adresser à Dieu et lui demander pourquoi il nous inflige ces calamités, je vous donnerai sa réponse demain. »
On amena l'Ephod à David et il s'adressa au Dieu d'Israël :
« Dieu d'Israël, pourquoi la famine dure-t-elle ? pourquoi la pluie ne tombe-t-elle, pourquoi le soleil brûle les récoltes ? Pourquoi les génisses mettent elles bas des veaux morts-nés et pourquoi leur lait tourne-t-il en eau ? »
L'Ephod resta silencieux.
David répéta une deuxième puis une troisième sa question, alors de l'Ephod ne sortit qu'une seule parole :
« Gabaon... »
« Gabaon ? » demanda David, « pourquoi Gabaon ? Qu'y a-t-il là bas ? »
Mais l'Ephod était redevenu silencieux, alors David partit avec ses gens pour Gabaon, puisque là devait se trouver la réponse.
Quand il arriva, les dignitaires de la ville vinrent à sa rencontre.
« Que nous vaut l'honneur de votre visite, Ô Roi ? » lui demandèrent ils.
« J'ai consulté le Dieu d'Israël pour connaître la raison de la famine qui décime notre pays, » leur dit il, « j'ai du poser la question par trois fois avant que l'Ephod ne me dise le nom de votre ville, sans aucune autre explication. Sauriez vous me dire pourquoi ? »
« Messire David, » répondirent les dignitaires de Gabaon, « nous pensons connaître la réponse. Il y a deux cent ans, lorsque le terrible Josué a conquis cette terre, il a exterminé tous les peuples qui y vivaient, mais il a épargné nos ancêtres et a conclu un pacte avec eux ; il avait fait le serment solennel que désormais, Israël ne menacerait jamais leur vie et les protègerait. »
« Alors, que s'est il passé ? » demanda David.
« Ce serment a été rompu, Sire, » répondirent les dignitaires de Gabaon, « par Saül, ton prédécesseur. Alors qu'il combattait les Philistins, il soumit notre ville à une razzia et massacra les deux tiers d'entre nous. Depuis, nous implorons le Dieu d'Israël de nous rendre justice. »
David répondit :
« Justice vous sera rendue, mes frères, que le Ciel et la Terre m'en soient témoins, je vous en fait le serment. »
De retour à son palais, à Jérusalem, il fit amener deux des fils de Saül et cinq enfants de sa fille Merab qu'il livra aux sacrificateurs. Un autel de pierre fut érigé sur le Mont Moriah où l'on dépeça les victimes vivantes à coups de hache, puis le peuple recueillit le sang des suppliciés dans des jarres pour en asperger les bêtes et les champs.
Merab étendit ensuite sa robe de deuil sur la pierre du sacrifice, et elle veilla du début des moissons jusqu'aux premières pluies, chassant les oiseaux impurs tels que les corbeaux et les aigles qui dévoraient les entrailles de ses morts.
La voyant ainsi, David fut pris de compassion, alors il inhuma les suppliciés aux côtés de Saül et de Jonathan.
Peu après, la famine cessa et la prospérité revint en Israël, qui avait acquité sa dette de sang.